Louis Pernot
Chaîne Youtube
De nombreux enregistrements avec vidéo se trouvent sur sa chaîne Youtube:
Dernier CD: le livre de luth de Perrine
(imprimé à Paris en 1680).
Approximative english version:
Louis Pernot a effectué en février 2004 un enregistrement du livre de luth de Perrine avec des pièces de Denis et Ennemond Gautier.
Cet enregistrement est publié aux Etats Unis par RER USA et va bientôt être disponible en France.
Vous pouvez dès à présent vous le procurer sur Amazon en import
Vous pouvez aussi le télécharger sur Itunes.
Et voici une des pièces: une courante en ré mineur du Vieux Gaultier en Vidéo:
Le livre de luth de Perrine est un petit livre de 82 pages, de format
in-8 à l'italienne, imprimé à Paris en 1680. Il comporte un frontispice
gravé, 6 pages d'avertissements sur la manière de jouer le luth de
comprendre les signes utilisés et de les interpréter, puis 72 pages de
musique gravée, en notation habituelle pour le clavier, sur deux
portées.
Le livre de Perrine est constitué d'un florilège des plus belles
pièces du vieux Gaultier et de son cousin Denis Gaultier destinées au
luth seul, luth dit aujourd'hui "baroque", c'est-à-dire à 11 rangs,
accordé au "nouveau ton" en ré mineur.
Ces deux compositeurs sont d'ailleurs dans un style et une inspiration
si proches qu'ils ont souvent été confondus à l'époque (certains
manuscrits n'indiquant pour nom d'auteur que Gaultier, et faisant
parfois des attributions plus précises incohérentes d'un manuscrit à
l'autre). Aujourd'hui encore il est très difficile de savoir auquel des
deux il faut attribuer véritablement certaines pièces.
Le livre est composé de 32 pièces, dont : 17 sont du vieux Gaultier,
et 15 du jeune Gaultier, se répartissant en 21 pièces en ré mineur, 9 en
la mineur, et deux finales en ut mineur. Le tout représentant environs
60 minutes de musique.
Pièces en ré mineur |
Pièces en la mineur |
1. L'immortelle (Courante) du vieux Gaultier |
22. Courante du vieux Gaultier ou Les Larmes |
2. Allemande ou Tombeau de Mezangeau du vieux Gaultier |
23. Courante du vieux Gaultier |
3. Allemande ou Testament du vieux Gaultier |
24. Pavane du jeune Gaultier |
4. Gigue (Le Testament) du vieux Gaultier |
25. Courante du jeune Gaultier (avec son double) |
5. Courante du vieux Gaultier |
26. Allemande ou Tombeau de Lenclos du jeune Gaultier |
6. Courante du vieux Gaultier |
27. Sarabande du jeune Gaultier |
7. Canaris du vieux Gaultier Ecoutez |
28. Courante ou La Belle Ténébreuse du jeune Gaultier Ecoutez |
8. Allemande (La Poste) du vieux Gaultier |
29. Sarabande du jeune Gaultier |
9. Gigue (La Poste) du vieux Gaultier |
30. Courante (La petite Bergère) du vieux Gaultier |
10. Courante du vieux Gaultier |
|
11. Courante du vieux Gaultier |
|
12. Gigue (Le Carillon) du vieux Gaultier |
|
13. Fantaisies du jeune Gaultier |
Pièces en ut mineur |
14. Gigue du jeune Gaultier |
31. Sarabande du vieux Gaultier |
15. Courante du jeune Gaultier |
32. Pièce du vieux Gaultier |
16. Courante (La Royale) du jeune Gaultier |
|
17. Courante du jeune Gaultier |
|
18. Sarabande du jeune Gaultier |
|
19. Courante (La Lyonnaise) du jeune Gaultier |
|
20. Le Canon du jeune Gaultier |
|
21. Allemande grave du jeune Gaultier ou son tombeau |
Le Ennemond Gaultier, dit "le vieux Gaultier" est certainement l'un
des plus grands compositeurs qui ait été pour le luth, il fait partie de
la première génération des musiciens français de cette période qui
commence alors et que l'on appelle aujourd'hui "baroque". Pour le luth,
le début en est vers 1638 avec l'invention du nouvel accord en ré
mineur.
Ennemond Gaultier est né, pensons nous en Dauphiné vers 1575. Il occupa des charges officielles, et en particulier auprès de Marie de Médicis vers 1620.
D'un génie incontestable, et reconnu par tant de musiciens et d'auteurs de son époque, le vieux Gaultier a toujours été considéré comme le plus grand et le plus profond des luthistes, se démarquant objectivement de tous les autres, sauf peut-être Dufaut qui lui est semblable pour ce qui est de l'originalité et de la profondeur créatrice. Chacune de ses pièces, composées jusqu'à sa mort en 1651 seront des chef d'œuvres.
Son cousin Denis, plus jeune d'une vingtaine d'années (mort vers 1672)
composera dans un style très semblable au sien, au point qu'on ne peut
pas toujours les distinguer. Sa création est d'une qualité moins égale,
bien que toujours exceptionnelle. Le goût de Perrine pour cela a été
sûr, les pièces qu'il a choisies sont toutes du même niveau
d'excellence, de pureté et de profondeur que celles de son cousin le
vieux Gaultier. Il y a par là une homogénéité dans cet ensemble de
pièces qui peut le faire concevoir comme n'ayant qu'un seul auteur :
Gaultier.
La musique de luth était, comme elle l'est encore aujourd'hui,
toujours écrite en tablature, notation pratique, réservée aux luthistes,
mais relativement imprécise sur certains points. Perrine a eu l'idée de
transcrire certaines pièces de luth en notation usuelle pour les autres
instruments : sur deux portées, comme pour le clavier. Cela permettait
de donner accès à ces pièces à d'autres musiciens que les luthistes, et
même pour ces derniers, de leur offrir une notation plus précise.
Par là même, le livre de Perrine est d'un formidable intérêt
musicologique, permettant de mieux comprendre la façon de lire et
d'interpréter ce qui est écrit en tablature.
C'est ainsi qu'il donne des indications extrêmement précises sur les
doigtés, de main gauche, comme de main droite, sur l'ornementation,
souvent lacunaire ou fantaisiste dans les tablatures, et sur les
arpègements qui étaient d'une importance capitale à l'époque, sans que
l'on ait beaucoup d'indication par ailleurs pour savoir où et comment
les mettre. Sur ces points, l'étude du livre de Perrine permet une
avancée capitale de la recherche musicologique concernant
l'interprétation des pièces de luth.
On connaît, pour la plupart des pièces rassemblées par Perrine, une
version en tablature de l'époque, mais il y a certaines compositions que
l'on ne connaît que par ce livre. C'est le cas en particulier de la
seconde partie de la sarabande en la mineur (No 29). Parmi les autres
sources, certaines sont de qualité sûre (comme les deux livres gravés en
tablature publiés par Denis Gaultier en 1670 et 1680), d'autres de
qualité moyenne, mais ayant pu s'éloigner par suite de copies
successives de l'original, et d'autres enfin de qualité très médiocre
(on peut alors juste reconnaître qu'il doit bien s'agir de la même pièce
à l'origine, et la comparaison de la valeur de ces sources sur d'autres
pièces plus célèbres que l'on trouve dans les divers manuscrits montre
que la version donnée est en général fort altérée).
On peut dire que dans le livre de Perrine, sur 33 pièces, il y en a 15
que l'on connaissait déjà par une source sûre, 8 par une source
acceptable, 5 par une source pratiquement inutilisable, et 4 totalement
inconnues par ailleurs (ou alors de manière différente). Mais même dans
le meilleur des cas, la notation de Perrine est toujours plus complète
et précise que le meilleur des manuscrits en tablature, offrant ainsi
des indications nouvelles et essentielles.
L'étude du texte de Perrine sur les pièces connues de source sûre,
montre qu'il est toujours absolument en accord avec elles. Cela fait
penser qu'il est possible d'accorder une certaine confiance au texte de
Perrine, même pour les autres pièces, et ainsi que l'on devrait faire du
texte de Perrine la version de référence de toutes les pièces des
Gaultier qu'il contient.
On peut ainsi faire le travail inverse de celui de Perrine, et
retranscrire en tablature toutes les pièces pour en avoir une version la
plus parfaite qui puisse être des plus belles pièces des deux Gaultier.
Perrine dans son livre a su rassembler la quintessence, ce qu'il y a
de plus beau dans la musique française pour luth au XVIIe, et il nous
les a transmis dans la notation la plus précise qui ait jamais été.
Faire en première mondiale l'enregistrement de ce livre extraordinaire
sur l'instrument d'origine qu'est le luth, comporte un intérêt musical
immédiat par l'homogénéité et la qualité musicale unique de la musique
qui y est proposée. Nous avons là, non seulement des œuvres d'un des
chefs de file de la musique baroque française, une musique que tout
amateur de baroque doit connaître, comme étant à l'origine de bien des
inspirations, mais tout simplement aussi une des plus belles musiques
qui soit.
Si certaines des pièces ont déjà été enregistrées au luth (moins d'une
dizaine), il est unique de pouvoir les entendre toutes au luth dans la
version très précisément de Perrine dont on peut penser qu'elle comporte
des indications particulières permettant une nouvelle approche des
pièces, nous faisant toucher au plus près ce qu'était l'interprétation
originale de cette musique.
Home | Biographie | L'instrument | Recherches | Enregistrements passés | Critiques et presse | Nouvel enregistrement | Enseignement| Liens